Résumé : Dire d’une bande dessinée qu’elle est dessinée relève manifestement de la lapalissade, mais ce n’est cependant peut-être qu’une apparence. Car à souligner que tout est dessiné dans une bande dessinée, n’est-ce pas mettre en exergue l’une des caractéristiques essentielles de la bande dessinée, à savoir le dessin justement ? N’est-ce pas mettre en évidence ce qui, à force d’être une évidence, est littéralement oublié ? Or, le dessin est l’un des mal-aimés de l’histoire de l’art : l’Occident n’a-t-il pas toujours valorisé la peinture comme art le plus noble ? Le dessin ne relèverait-il pas ainsi de l’enseignement, de la répétition, de l’apprentissage académique ou de l’amont, de l’esquisse, de la projection rapide le plus souvent, de l’idée brute, à peine dégrossie avant son aboutissement dans la peinture ? Ainsi, le dessin ne serait-il pas véritablement noble et donc premier, privilégié, mais seulement second, roturier en quelque sorte (...).